Explication du hadith : « L’avare est celui devant qui mon nom est mentionné sans qu’il fasse mon éloge. »

23-1-2022 | IslamWeb

Question:

Le Prophète, Salla Allahou Alaihi wa Sallam, a dit : « L’avare est celui devant qui mon nom est mentionné sans qu’il fasse mon éloge. » Quel est le critère qui définit cette avarice ? En effet, il est possible qu’au cours d’une discussion, le Prophète, Salla Allahou Alaihi wa Sallam, soit mentionné plus de 50 ou 100 fois voire même plus encore. Est-il obligatoire de faire son éloge, c’est-à-dire prier pour lui en employant la formule : Salla Allahou Alaihi wa Sallam, à chaque fois qu’il est mentionné ? Si je ne le fais pas à chaque fois, serais-je compté parmi les avares ou est-il suffisant de la faire une fois seulement ?

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Sachez, qu’Allah vous accorde la réussite, que faire l’éloge du Prophète, , en prononçant la formule légiférée, est une des œuvres les plus méritoires et un des actes qui permet de se rapprocher d’Allah. Le musulman ne devrait pas prendre ce fait à la légère ni le négliger. Faire son éloge à chaque fois qu’il est mentionné est recommandé quand bien même il serait mentionné au cours d’une discussion cent fois. Certains savants ont affirmé qu’il était obligatoire de le faire chaque fois et c’est un avis qui a effectivement été soutenu par des savants même si ceux-ci sont peu nombreux. Toutefois, cela montre bien qu’il est fortement recommandé de le faire et ne convient pas de le négliger.
Plus un fidèle prie pour lui quand il est mentionné, plus cela lui sera utile. Le Prophète, , a dit : « Les croyants qui me seront les plus proches le Jour de la résurrection sont ceux qui font le plus mon éloge. » Rapporté par Tirmidhi qui précise : « hadith hasan ». Quant au hadith mentionné dans la question, il a été rapporté par Tirmidhi qui précise : « hadith hasan sahih». Al-Hâkim dit lui aussi que ce hadith est authentique.
Ibn Al-Qayyim, qu’Allah lui fasse miséricorde, a lui aussi mentionné ce hadith dans le cadre où il reproduisait les arguments des savants qui considèrent obligatoire de faire l’éloge du Prophète, , chaque fois qu’il est mentionné. Il a exprimé leurs propos en ces termes : « Ils ont affirmé : S’il est établi que celui qui ne fait pas son éloge quand son nom est mentionné est un avare, alors on peut appuyer notre avis de deux points de vue :
Le premier : Le terme avarice est employé pour condamner une personne. Or, une personne qui délaisse un acte recommandé ne mérite pas d’être condamnée. Allah dit : « Allah n’aime pas les êtres orgueilleux et prétentieux qui, non seulement se montrent eux-mêmes avares, mais incitent également les autres à l’avarice. » (Coran 57/23-24). Il a cité conjointement dans ce verset l’avarice, l’orgueil, la prétention, et l’incitation à l’avarice. Et il les a tous condamnés. Ce qui prouve bien que l’avarice est une caractéristique condamnable. Le Prophète, , a dit : « Et quel défaut est-il plus vilain que l’avarice ! » la chaine de transmission de ce hadith est authentique.
Le deuxième : L’avare désigne une personne qui s’abstient de faire ce qui lui incombe. Ainsi, qui s’acquitte de ses obligations ne peut être qualifié d’avare. Seul peut l’être celui qui refuse de s’acquitter de ses devoirs, de donner et dépenser comme il convient. » Fin de citation.
Malgré cela, la majorité des savants refusent de se ranger à cet avis. Ils ont répondu aux arguments de ceux qui se réfèrent à ce hadith en mettant en avant les discussions des savants du hadith concernant son authenticité qui ne serait pas avérée. Puis, à supposer que ce hadith soit effectivement authentique, l’avarice n’est pas un attribut spécifique à une personne qui délaisse un acte obligatoire.
Shawkânî a dit : « … et c’est là le meilleur argument sur lequel on peut s’appuyer pour étayer notre avis. Et cela ne peut l’être qu’après avoir consenti que le terme d’avare est spécifique à une personne qui délaisse un acte obligatoire. Or, il n’est pas permis d’affirmer une telle chose. En effet, les savants de la langue arabe et de la religion, en plus de l’usage en vigueur, emploient tous le terme d’avare pour désigner une personne radine et pingre qui refusent de dépenser ce qu’il a pour des choses qui ne sont pas obligatoires. On ne peut donc pas déduire de ce hadith qu’il est obligatoire de prier pour le Prophète, , toutes les fois que son nom est prononcé. » Fin de citation.
Dans son ouvrage Jalâ’ al-Afhâm, Ibn Al-Qayyim a cité de façon exhaustive les arguments des deux parties. Vous pouvez le consulter si vous le souhaiter. Ainsi, l’avis de la majorité des savants sur cette question est, comme vous venez de l’apprendre, que prier pour le Prophète, , en prononçant la formule consacrée, est recommandée chaque fois que son nom est mentionné. Cela n’est pas obligatoire. Celui qui ne prononce pas la formule n’est pas coupable de péché même s’il est qualifié d’avare. Aussi, il ne fait preuve d’avarice qu’envers lui-même. Bouger sa langue pour faire son éloge est chose aisée et comprend une grande récompense. Ainsi, celui qui fait montre d’avarice envers sa propre personne en se privant d’une telle récompense qui ne lui coûte que peu d’effort mérite tout à fait d’être qualifié d’avare.
 

Et Allah sait mieux.
 

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