Polémiquer avec son père est-elle une forme d’ingratitude filiale ?

6-2-2023 | IslamWeb

Question:

Mon père – qu’Allah lui fasse miséricorde – m’aimait beaucoup et moi aussi je l’aimais. C’était un homme doté d’un bon comportement et d’une bonne religiosité. Il était néanmoins nerveux. Il nous arrivait d’avoir des discussions animées et de polémiquer. Mon objectif était de l’adoucir et d’ôter les obstacles entre nous. Mais en raison de son caractère bien trempé, il s’énervait souvent contre moi. Il est possible que ma façon de procéder n’était pas forcément la bonne. J’avais donc décidé de m’arrêter de polémiquer avec lui et de ne plus parler sauf quand cela était nécessaire. Ceci pour éviter qu’il se mette en colère contre moi. Par la suite, c’est lui qui me parlait d’une façon qui laissait penser qu’il était satisfait de moi. Il en fut ainsi plusieurs jours et il est soudainement décédé. Il était malade du diabète. Durant cette période, j’étais malade, je faisais des cauchemars et souffrait de troubles obsessionnels compulsifs. Je ne maitrisais pas tous mes actes. Cela fait maintenant un an qu’il est décédé et ma conscience n’a de cesse de me réprimander parce que je ne lui ai pas demandé pardon. Depuis, j’ai connu une forte baisse dans ma pratique religieuse alors que j’étais jusqu’à présent assez attaché à ses préceptes.

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Nous implorons Allah qu’il pardonne à votre père et lui fasse miséricorde. Qu’il l’élève en degrés aux plus hauts niveaux du Paradis et qu’il vous réunisse avec lui dans ses jardins. Nous demandons aussi à Allah qu’il vous ramène à la voie droite et à la conformité à ses préceptes. Nous vous recommandons d’invoquer souvent Allah par le biais de cette formule mentionné dans ce hadith :
Selon Zayd ibn Arqam (qu’Allah soit satisfait de lui) le Messager d’Allah () avait l’habitude de dire : « Ô Allah ! Puisses-Tu préserver mon âme du péché et la purifier, car nul mieux que Toi ne peut la purifier. Tu es son protecteur et son maître. » Rapporté par Mouslim.
Si les polémiques avec votre père s’inscrivaient dans le cadre du respect et du bon comportement avec l’objectif de lui adresser un bon conseil et de le réformer, alors vous n’avez rien à vous reprocher – si Allah le veut – Mais si vous avez un tant soit peu dépassé les limites ou avez causé du tort à votre père ou mis en colère alors c’est un type de désobéissance aux parents. Dans son ouvrage Fath Al-Bârî, Ibn Hajar a dit : « Ce qui est voulu – du terme de désobéissance aux parents – est qu’émane tout ce qui pourrait incommoder le père de la part de son fils, par ses paroles ou ses actes. Sauf s’il s’agit de polythéisme ou d’une désobéissance à Allah, tant que le père n’est pas déconcerté. » Fin de citation.
Il est dans ce cas obligatoire de se repentir. Revenez à la Fatwa numéro 42272 pour consulter les conditions du repentir.
Tâchez également d’invoquer beaucoup pour votre père. Soyez bienfaisant envers lui autant que vous le pouvez. La bienfaisance envers son père n’est pas une chose qui prend fin à sa mort. Au contraire, il est possible de continuer à l’être même après le décès de ses deux parents. C’est en agissant ainsi que l’enfant peut compenser les négligences à leur égard de leur vivant. Il est possible d’être bon envers ses parents de plusieurs façons dont les suivantes : invoquer pour eux, faire des aumônes en leur nom etc.
Cheikh Ibn Bâz a dit comme cela est mentionné dans son Majmû’ Al-Fatâwa : « invoquer pour ses parents, implorer le pardon d’Allah pour eux et faire des aumônes en leur nom, tout cela fait partie des bonnes actions à accomplir en faveur de ses parents après leur mort. Sans doute qu’Allah allègera par ce biais les négligences de l’enfant à leur égard accompagné d’un repentir sincère. Il devrait aussi se repentir à Allah et regretter ce qu’il a fait, implorer avec insistance le pardon divin et invoquer en faveur de ses parents pour qu’ils obtiennent la miséricorde, l’effacement de leurs péchés et le pardon divin. Cela avec de nombreuses aumônes données en leur nom. Tous ces actes font partie de ceux qu’Allah a légiféré afin que l’enfant les fasse pour ses parents. » Fin de citation.
Un fidèle n’est pas tenu responsable de ses actes s’il souffre de troubles obsessionnels au point où il n’est pas conscient de ce qu’il dit. Mais s’il est conscient alors il est responsable de ses faits et gestes et il lui sera tenu rigueur de ses agissements, paroles et actes. Allah, exalté soit-Il, dit :
« […]. Nul blâme sur vous pour ce que vous faites par erreur, mais (vous serez blâmés pour) ce que vos cœurs font délibérément. Allah, cependant, est Pardonneur et Miséricordieux. » (Coran 33/5).
Et Allah sait mieux.
 

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