Islam Web

Articles

  1. Accueil
  2. Index
  3. Les actes cultuels
  4. Le jeûne

Le jeûne en période de guerre et de voyage dans la biographie prophétique

Le jeûne en période de guerre et de voyage dans la biographie prophétique

Le jeûne en période de guerre et de voyage dans la biographie prophétique

La conduite prophétique nous apprend qu’il est possible que certaines règles de la religion soient allégées et de bénéficier d’une dérogation pour certains actes d’adoration quand le fidèle est en voyage. Entre autre, raccourcir les prières composées de quatre unités à deux unités, essuyer ses chaussons au lieu de se laver les pieds au cours des ablutions, rompre son jeûne s’il est difficile de le faire et qu’il en résulterait un préjudice. Les compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) ont entrepris des voyages et participé à des guerres avec le Prophète () durant le mois de Ramadan. Certains d’entre eux jeûnaient et d’autres non. Pourtant, aucun ne blâmait son coreligionnaire. La biographie prophétique en regorge d’exemples et les hadiths qui le prouvent sont nombreux. Nous citerons les suivants :

Selon Abou Said Al-Khoudrî (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Nous étions en guerre avec le Prophète () durant le mois de Ramadan. Certains d’entre nous jeûnaient et d’autres non. Mais aucun de ceux qui jeûnaient ne reprochaient à ceux qui mangeaient leur choix. De même qu’aucun de ceux qui mangeaient ne reprochaient à ceux qui jeûnaient leur choix. Tous considéraient que celui qui trouvait la force de jeûner était en droit de le faire, ce qui était une bonne chose. Et que celui qui se sentait faible était en droit de manger ce qui était une bonne chose. » Rapporté par Mouslim.

Le Cadi ‘Iyâd explique : « Tous les hadiths qui mentionnent que les compagnons jeûnaient ou non avec le Prophète () au cours de leurs voyages est une preuve que la permission de faire l’un ou l’autre était l’objet d’un consensus. »

Mentionnons également l’histoire de ‘Umayr ibn Al-Lahhâm (qu’Allah soit satisfait de lui) au cours de l’expédition de Badr, le mois de Ramadan de la deuxième année de l’Hégire. Le Prophète () a dit : « Levez-vous pour gagner le Paradis qui est aussi large que les cieux et la terre. » ‘Umayr ibn Al-Lahhâm Al-Ansârî dit alors : « Messager d’Allah ! Un Paradis aussi large que les cieux et la terre ? » « Oui » dit-il. Le compagnon s’exclama : « Bakh, bakh » (onomatopée dite pour exprimer un sentiment de satisfaction) il sortit quelques dattes de sa poche et se mit à les manger puis dit : « Si je devais vivre jusqu’à finir de manger ces dattes, j’aurais vécu bien longtemps. » Il jeta le reste des dattes et se mit à combattre les ennemis jusqu’à être tué, qu’Allah soit satisfait de lui. »

Selon Jâbir ibn Abdillah (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Le Prophète () partit en expédition l’année de la conquête de la Mecque durant le mois de Ramadan. Il jeûnait jusqu’à être arrivé au lieu appelé Karâ’ Al-Ghamîm. Les gens jeûnaient aussi. Puis, il demanda à ce qu’on lui apporte une outre d’eau qu’il leva jusqu’à ce que tout le monde puisse la voir et il se mit à boire. On lui dit ensuite : « Certains ont malgré tout jeûné. » Ce à quoi il répondit : « Voilà ceux qui ont désobéi, voilà ceux qui ont désobéi. » Rapporté par Mouslim. On doit comprendre de ses propos qu’il vise ceux pour qui le jeûne causait du tort. Al-Tîbî a dit : « En disant à deux reprises que ceux qui n’avaient pas rompu le jeûne avaient désobéi, il faut comprendre qu’il visait ceux qui ont continué à jeûner alors qu’on leur avait intimé l’ordre fermement de rompre leur jeûne parce qu’il en allait de l’intérêt général de mettre en évidence qu’il était permis de le faire. Mais ces derniers ne se sont pas conformés à ce qu’on attendait d’eux. »

Selon Abou Said Al-Khoudri (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Nous sommes partis en voyage en direction de la Mecque avec le Prophète () et nous jeûnions. Au cours d’une halte, il dit : « Nous nous sommes rapprochés de nos ennemis et rompre le jeûne nous permettra de reprendre plus de force. » Ce fut donc une dérogation. Certains d’entre nous ont continué à jeûner et d’autres ont préféré manger. Par la suite, nous avons fait une autre halte, ailleurs. Il nous dit : « Vous affronterez vos ennemis demain matin. Manger vous donnera plus de force alors mangez. » C’était un ordre alors nous nous sommes exécutés et avons mangé. Le compagnon conclut : Suite à cela, nous jeûnions toujours avec le Prophète () au cours des voyages. » Rapporté par Mouslim.

Pour ce qui est du hadith : « Quiconque jeûne un jour pour Allah il éloignera son visage de l’enfer d’une distance de soixante-dix ans. » Al-Nawawi a dit : « Ce hadith nous apprend un des mérites de jeûner pour satisfaire Allah. On doit le comprendre dans le sens où le jeûne en question ne cause aucun préjudice à son auteur et ne le conduit à négliger aucun droit, ni faire preuve de défaillance au cours des combats ou tout autre fait important lié à l’expédition. Le sens du terme ‘éloigné de l’enfer’ est qu’il en sera épargné. L’expression ‘soixante-dix printemps’ a été employé dans ce hadith mais le sens voulu est bien le nombre d’années. »

Ibn Al-Qayyim a dit : « Il leur intimait l’ordre de manger et ne pas jeûner lorsqu’ils se rapprochaient de leurs ennemis de façon à prendre des forces pour les affronter. »

Selon Abdullah ibn Abbâs (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Le Prophète () entreprit un voyage au cours du Ramadan. Il jeûna jusqu’à être parvenu à ‘Usfân. Il demanda à ce qu’on lui apporte un récipient d’eau dont il but en pleine journée afin que les gens le voient. Il n’a cessé de rompre le jeûne jusqu’à son arrivée à la Mecque. »

Ibn Abbâs disait aussi : « En voyage, le Prophète () pouvait jeûner ou non. Quiconque désire jeûner le fasse et quiconque désire ne pas jeûner ne jeûne pas. » Rapporté par Boukhari. Dans son ouvrage Zad Al-Ma’âd, Ibn Al-Qayyim explique : « En voyage, le Prophète () pouvait jeûner ou non. Il laissait le choix aux compagnons entre ces deux options. »

Dans le livre du jeûne de son recueil de hadith, Boukhari a intitulé un de ses chapitres : « Chapitre du jeûne en voyage et de sa rupture. » Et il intitula le chapitre suivant comme suit : « Chapitre de la parole du Prophète () au sujet de l’homme à qui on faisait de l’ombre en raison de la forte chaleur : « Ce n’est pas un signe de piété que de jeûner au cours d’un voyage. »

Dans le premier de ces chapitres, il a mentionné le hadith de Hamza ibn ‘Amr Al-Aslamî dans lequel il interrogea le Prophète () en ces termes : « Est-ce que je dois jeûner au cours d’un voyage ? » Lui qui était un homme qui jeûnait beaucoup. Il lui répondit : « Si tu veux jeûnes et si tu veux ne jeûne pas. » Rapporté par Boukhari. Il a aussi mentionné le hadith de Abou Al-Dardâ’ (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Au cours du mois de Ramadan, nous avons entrepris un voyage avec le Prophète () sous une forte chaleur. Il faisait si chaud que l’un d’entre nous pouvait mettre sa main sur sa tête pour s’en protéger. Aucun d’entre nous ne jeûnait hormis le Prophète () et Abdullah ibn Rawâha … » Et dans le chapitre suivant portant le titre : « Ce n’est pas un signe de piété que de jeûner au cours d’un voyage. » Il cita le hadith de Jâbir ibn Abdillah (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Le Prophète () était en voyage. Il vit un attroupement autour d’un homme à qui on faisait de l’ombre. Il dit : « Qu’est-ce qu’il y a ? » « Un fidèle qui jeûne » lui dit-on. Il dit alors : « Ce n’est pas un signe de piété que de jeûner au cours d’un voyage. »

Dans son ouvrage Fath Al-Bârî, Ibn Hajar a dit : « Il faut concilier entre le titre du chapitre qui prend en considération la forte chaleur avec le hadith du chapitre qui le précède. » Il dit aussi : « Ce hadith nous apprend qu’il est recommandé de s’attacher à la dérogation qui est faite lorsqu’on en a besoin et qu’il est réprimandable de la délaisser afin de ne pas se retrouver dans une situation pénible et difficile. » Par ailleurs, Al-Sindî a dit : « L’expression employée dans le hadith : ‘ Ce n’est pas un signe de piété’ signifie que cela ne compte pas comme un acte d’obéissance et d’adoration. »

Qu’est ce qui est le plus méritoire au cours d’un voyage : jeûner ou manger ?

Dans le cas où il est égal de jeûner ou non, c’est-à-dire que cela ne cause aucun préjudice de jeûner au cours d’un voyage, alors dans ce cas il est préférable de jeûner. Ceci conformément à ce qui est rapporté par Boukhari d’après Abou Al-Dardâ’ (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Au cours du mois de Ramadan, nous avons entrepris un voyage avec le Prophète () sous une forte chaleur. Il faisait si chaud que l’un d’entre nous pouvait mettre sa main sur sa tête pour s’en protéger. Aucun d’entre nous ne jeûnait hormis le Prophète () et Abdullah ibn Rawâha. » Or, il est bien connu que jeûner au cours du Ramadan en voyage – pour qui le peut et en est capable – permet au fidèle de s’acquitter plus rapidement de sa responsabilité religieuse de jeûner le mois et les jours de Ramadan. De plus, celui qui jeûne au cours de ce mois l’aura fait durant une période de mérite, le mois de Ramadan. Ce mois est meilleur que les autres. C’est pour cette raison que certains savants sont d’avis que, pour celui à qui il est égal de jeûner ou non en voyage, il est préférable de jeûner. Si jeûner au cours de son voyage n’implique aucun préjudice.

Al-Nawawi a dit : « La majorité des savants et des muftis sont d’avis qu’il est permis de jeûner en voyage, que ce jeûne est valide et suffisant au fidèle pour se décharger de sa responsabilité. Ils s’opposent cependant pour savoir s’il est plus méritoire de jeûner ou non ou est-ce que cela est égal. Malik, Abou Hanifa, Shafi’î et la plupart des savants affirment : Il est mieux de jeûner pour qui peut le supporter sans peine ni préjudice. Si cela lui cause du tort alors il est mieux pour lui de manger. Pour appuyer leur avis, ils se réfèrent au hadith dans lequel le Prophète () et Abdullah ibn Rawâha jeûnaient et aussi d’autres hadiths. Puisque cela permet au fidèle de se décharger de sa responsabilité religieuse dans l’immédiat. »

Ibn Hajar a dit : « Le fait est que jeûner est plus méritoire pour celui qui a assez de force pour le faire. Pour celui qui éprouve de la difficulté à jeûner, ou ne souhaite pas bénéficier de la dérogation, il est meilleur de jeûner. Celui qui n’éprouve aucune difficulté à jeûner a le choix entre jeuner ou manger. »

Il est des gens qui ont pour conviction qu’éprouver de la difficulté et de la peine au cours des actes d’adoration est un objectif – même si on n’exige pas cela de lui – et lui donne une grande récompense. Or, c’est une chose que le Prophète () a défendu de faire puisqu’il peut en résulter un préjudice ou une négligence dans l’adoration. C’est pourquoi il a dit : « Agissez avec pondération pour atteindre vos objectifs. » Rapporté par Boukhari. Le Cadi ‘Iyâd explique : « veillez à vous tenir dans le juste milieu afin de parvenir à vos objectifs. » Il ne s’agit pas d’accomplir de nombreuses adorations et d’endurer des actes pénibles qui ne sont pas exigés du fidèle. Le tout est de vouer ses actes d’adoration à Allah en toute sincérité, et de se conformer à la Sunna du Prophète () et ses injonctions. Allah dit :

« Un livre leur ordonnant simplement d’adorer Allah en Lui vouant un culte exclusif et sincère. » (Coran 98/5).

« Vous avez un bel exemple à suivre dans le Messager d’Allah. » (Coran 33/21).

« Ce que le Messager vous donne comme ordre, acceptez-le, et ce qu’il vous défend, abstenez-vous en. » (Coran 59/7).

Malik a dit : « La Sunna est à l’image de l’arche de Noé : celui qui a embarqué est sauvé et celui qui est resté à quai sera noyé. »

Articles en relation