Je dirigeais la prière en commun et pendant la prosternation de la quatrième Rak’âh, j’ai eu un doute : je me suis demandé si c’était la quatrième ou la troisième Rak’âh ? Je me suis donc levé et les gens qui priaient derrière moi ont dit : « Subhaanallah » afin de m’indiquer que je me trompais. Je me suis aussitôt rassis sans rien accomplir de la cinquième Rak’âh si ce n’est le fait de m’être levé tandis qu'aucun des fidèles ne s’était levé. Après avoir terminé la prière, je n’ai pas accompli de prosternation de l’oubli pensant qu'il n'y avait pas besoin de le faire surtout que les fidèles m’auraient suivi, alors qu’aucun d'eux ne s’était levé pour la cinquième Rak’âh. Quel est donc le jugement à propos de mon acte ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :
Le fait que vous soyez levé lorsque vous avez douté dans quelle Rak’âh vous étiez est correct, car le Prophète () a ordonné à celui qui a un doute sur le nombre de Rak'âhs de se baser sur le plus petit nombre, comme cela est rapporté dans le Hadith de Mouslim d’après Abou Sa’îd. L’attitude des fidèles qui vous ont averti en disant « Subhaanallah », et votre réaction de vous rasseoir après avoir entendu leur avertissement, tout ceci était correct et conforme à la Sunna.
Cependant, l'erreur que vous avez commise est d’avoir délaissé la prosternation de l’oubli, car finalement vous avez fait un ajout à votre prière et si cet ajout avait été intentionnel votre prière aurait été invalide. Vous auriez donc dû accomplir la prosternation de l’oubli comme l'a fait le Prophète () lorsqu’il ajouté à sa prière la salutation (Taslîm) et la parole (c’est-à-dire qu’il a fait le Taslîm pensant que sa prière était terminée alors qu’elle ne l’était pas puis il a parlé à certains de ses Compagnons) comme cela est indiqué dans le Hadith de Mouslim et de Boukhari d’après Dhu al-Yadayn. Les savants ont divergé sur la prosternation de l’oubli lorsque la prière est invalidée par un acte intentionnel, quant au fait de savoir si elle est obligatoire ou seulement recommandée ? La majorité d’entre eux affirment qu’il s’agit seulement d’une Sunna et l’imam Ahmad, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit qu’il s’agissait d’une obligation. Si nous considérons que c’est une obligation, celui qui l’omet par oubli jusqu’à la fin du temps de la prière ne doit rien accomplir et la même règle s'applique à la personne qui ignore cette règle. Quant à vous, vous ignoriez cette règle et il n’y a donc nul grief à vous faire.
Ibn Qudâma, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « S’il oublie de faire la prosternation de l’oubli jusqu’à ce que le temps de la prière passe, la prière n’est pas invalide. C’est l’avis de l’imam al-Châfi’î, qu'Allah lui fasse miséricorde, et des disciples de l’imam Abu Hanîfah, qu'Allah lui fasse miséricorde. L'imam Ahmad, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : "S’il sort de la mosquée, il doit recommencer la prière. Tel est l’avis d’al-Hakim, d’Ibn Chubrama, de l’imam Mâlik et d’Abu Thawr concernant la prosternation avant les salutations. Quant à nous, nous pensons que l'omission de la prosternation de l'oubli n'invalide pas la prière car c'est un acte externe à la prière, comparable aux actes externes au Hadj. La prière n’est donc pas invalidée si on délaisse la prosternation de l'oubli et ce cas est comparable à celui de l'Adhân. » (al-Mughnî)
Sachez aussi que les fidèles doivent suivre l’imam dans la prosternation de l’oubli même s'ils n'ont commis aucun oubli en raison de la généralité de la parole du Prophète () : « L’imam n’a été désigné que pour être suivi. » (Boukhari, Mouslim)
Et Allah sait mieux.
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