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Un ami lui demande de réparer une marchandise défaillante mais il la ramène au vendeur et se fait rembourser l’argent. A-t-il commis un péché ?

Question

Un de mes proches a acheté une marchandise et a constaté qu’elle avait un défaut de fabrication. Il m’a demandé de la réparer et j’ai constaté que la matière première avec laquelle elle était fabriquée était de mauvaise qualité. Je l’ai donc rendue au vendeur qui m’a remboursé la valeur du produit au lieu de le réparer. Mais je n’ai pas consulté mon ami à qui appartenait le produit avant de me faire rembourser par le vendeur et il s’avère qu’il ne voulait pas le rendre mais seulement réparer le défaut de fabrication. Il est en colère et n’a pas apprécié la façon dont j’ai agi. Il m’accuse d’avoir trahi le dépôt qui m’a été confié. Est-ce que la façon dont j’ai agi correspond effectivement à une trahison du dépôt ou est-ce interdit par la religion ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Ce qu’a fait l’auteur de la question correspond à ce qu’on appelle dans la jurisprudence islamique Al-Tasarruf Al-Fudûlî (et qui correspond en droit français à la notion de gestion d’affaires). Cette question est objet de divergence entre les savants pour statuer que le contrat est effectif si le propriétaire est d’accord ou pour déterminer si cela est permis ou non. Dans le livre Tahdhîb Al-Furûq de Al-Qurrâfî, alors qu’il énumère les conditions d’une vente, il dit : « La cinquième condition : il faut que le prix et le produit soit en possession des deux parties contractantes ou de ceux qui les représentent. C’est une condition pour que cette vente soit permise et que le transfert de propriété prenne effet mais ce n’est pas une condition de validité de la vente puisqu’une vente ou un achat dans le cadre d’une gestion d’affaire, même si elle est valide est néanmoins interdite selon l’avis le plus connu. Le transfert de propriété n’est pas contraignant, il dépend de l’accord du propriétaire du bien. » Fin de citation.
Dans le livre Hâshiyat Al-Adawî Ala Sharh Al-Khirashi Li Mukhtasar Khalîl : « Une vente de gestion d’affaires qui ne comporte aucun intérêt pour le propriétaire du bien est interdite. Mais si la personne a procédé à la vente de peur que le bien ne périsse ou se perde alors ce n’est pas interdit. C’est peut-être même recommandé. » Fin de citation.
Dans la Mawsû’a Al-Fiqhiyya Al-Kuwaytiyya, il est dit : « Les savants qui considèrent que la vente dans le cadre de la gestion d’affaires est invalide fondent leur avis sur le fait qu’il est interdit de se livrer à une telle vente puisqu’elle est la cause de transactions invalides. Quant aux savants qui considèrent que ce type de vente est valide, les savants hanafites et malikites, les savants premiers ont clairement énoncé qu’une telle vente sans intérêt pour le propriétaire du bien est interdite. Mais si elle est réalisée pour son intérêt – avoir peur que son bien soit détruit ou se perde – alors ce n’est pas interdit. C’est même peut-être recommandé. Nous n’avons pas trouvé d’avis chez les seconds statuant clairement sur ce cas. » Fin de citation.
Il nous semble qu’agir dans le cadre de la gestion d’affaires ne charge pas son auteur d’un péché si l’objectif était d’agir dans l’intérêt du propriétaire du bien et qu’on pensait en le faisant que le propriétaire serait très probablement d’accord pour ce faire.
En conséquence, l’auteur de la question – même s’il a mal agi – ne peut être jugé coupable d’un péché et d’avoir commis un acte interdit. Si en agissant ainsi, en rendant le bien, il l’a fait dans l’intérêt du propriétaire, comme c’est ce qui nous semble de ses propos : ‘’ j’ai constaté que la matière première avec laquelle elle était fabriquée était de mauvaise qualité.’’
Dans tous les cas, il était préférable qu’il informe le propriétaire du bien de ce qu’il avait constaté et de lui demander l’autorisation avant d’agir comme il l’a fait. S’il donne son accord pour que vous agissiez ainsi et rendiez le produit alors ainsi soit-il. Mais s’il n’est pas d’accord il a le droit de s’y opposer et refuser votre gestion d’affaires. Le savant Al-Bâbartî a dit dans son livre Al-‘Inâya Sharh Al-Hidâya : « Quiconque vend un bien qui ne lui appartient pas sans l’autorisation de son propriétaire alors ce dernier a le choix de valider la vente ou de l’annuler. » Fin de citation.


Et Allah sait mieux.

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