Islam Web

  1. La femme
  2. L’interprétation du Coran

La corruption est apparue sur terre et dans la mer

La corruption est apparue sur terre et dans la mer

 La corruption est apparue sur terre et dans la mer 

Un des versets du Coran, considéré comme l'un des discours les plus explicites, nous invite à méditer sur des leçons des événements passés et présents, à obéir aux commandements d’Allah, le Tout Puissant, et à éviter les interdits qu’Il a fixé aux êtres humains. Ce verset dit : « La corruption est apparue sur la terre et dans la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains ; afin qu'Allah leur fasse goûter une partie de ce qu'ils ont œuvré ; peut-être reviendront-ils (vers Allah). » (Coran 30/41). Pour mettre en relief sa pertinence, nous l’aborderons ci-dessous en détaillant plusieurs points, afin d’en tirer les meilleurs enseignements possibles : 

 

Premier point : Sa parole, exalté Soit-Il, évoque « l’apparition » et indique la claire manifestation d’une chose qui pourtant n’était pas visible. C’est par sa parole de vérité qu’Allah, exalté Soit-Il, met en lumière, « la corruption », qui bien que présente, était cachée, car certains œuvrent dans l’ombre, pour tenter de la dissimuler afin qu’elle se répande sournoisement dans la société. La corruption ne se manifeste pas par elle-même, mais ce sont ses effets qui progressivement, deviennent visibles. La corruption survient progressivement lorsque l'homme commence à devenir inattentif aux lois divines qui nous dictent ce que nous sommes en droit de faire et ce qui nous est interdit. Quant à la vertu, elle représente la protection et la capacité de résistance qui porte en elle la force de contrer cette corruption. Quand le degré de la corruption s’intensifie, la vertu a le devoir de se manifester afin de faire triompher les intérêts vitaux de tous les êtres humains. 

 

Deuxième point : « La corruption » est semblable à une sorte de dégradation progressive d’un état originel sain qui, si elle n’est pas neutralisée, fera disparaitre la vertu. Les érudits ont évoqué plusieurs avis sur le sens de "corruption" dans ce verset, mais Ibn ‘Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporte que son sens indique la diminution de la bénédiction, causée par les actes répréhensibles des serviteurs, et dont le remède se trouve dans la prise de conscience du mal et la décision de la repentance. Al-Nahhâs, qu’Allah lui fasse miséricorde, affirme que cette interprétation est la plus juste. 

Et dans Son propos exalté soit-Il « sur terre et dans la mer » se trouve l’indication que cette corruption se construit sur la perversion avec laquelle les hommes profitent des bienfaits de la terre et de la mer. Elle se manifeste sur terre par la perte des bénéfices, l'apparition de dommages, comme la détérioration des cultures, des fruits et des récoltes, la mort du bétail dont les gens profitaient, ainsi que les conséquences de la migration des animaux due à la sécheresse vers d'autres régions, et également l'apparition de fléaux tels que les invasions de sauterelles, d’insectes et de maladies diverses. Quant à la corruption en mer, elle se manifeste par l'appauvrissement des ressources marines, comme la diminution progressive du nombre de baleines, des perles et des coraux, qui faisaient partie par exemple des plus grandes ressources des pays arabes. A cela, rajoutons la multiplication des tempêtes qui empêchent la navigation en mer, l’assèchement des rivières et les pénuries d’eau en général qui sont une réelle menace pour la vie humaine. 

 La mention de « la terre et la mer » vise à signaler qu’en tout lieu, la corruption s’étend de toute part, aussi bien dans les régions terrestres que maritimes. La parole divine indique clairement la causalité, due à la main humaine « à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains », qui amène la conséquence de l’acte : « afin qu'Allah leur fasse goûter une partie de ce qu'ils ont œuvré » celui-ci annonçant le châtiment divin, comme nous le trouvons par ailleurs dans la parole divine : « Les gens de Fir'awn (Pharaon) le recueillirent, pour qu'il leur soit un ennemi et une source d'affliction ! Fir'awn (Pharaon), Hâmân et leurs soldats étaient fautifs. »  (Coran 28/8). 

 

Troisième point : Nous avons ici la parole d’Allah, exalté soit-Il : « La corruption est apparue » et ce fait en s'appliquant également à l'époque du Prophète Mohammed (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) démontre la raison de la mission de tous les prophètes qui est celle de délivrer l'humanité de cette corruption. Car tant que le problème n'est pas résolu, les conséquences persistent, et nous devons comprendre qu’à chaque apparition de corruption suivra, la punition divine. Ce verset en lui-même est une preuve de l’existence des signes de l’univers envoyé par Allah, exalté soit-Il, jusqu'au Jour du Jugement. 

La forme verbale du verbe « apparaitre » exprimée au passé implique en vérité que la corruption a déjà eu lieu, et n’attend pas le futur pour se manifester ; il s’agit donc d’une corruption dont les effets sont déjà visibles ou qui vont être amenés à se reproduire. Elle implique donc l'anticipation de la corruption et son avertissement, conformément à Sa parole : « L’ordre d’Allah arrive » (Coran 16 /1). Quoi qu'il en soit, ce qui est visé, c'est que l'avènement de « la corruption » chez les gens qui apparait par la volonté d'Allah, comme le montre Sa parole : « Pour leur faire goûter une partie de ce qu'ils ont accompli » et qu'Allah détermine ses causes de manière spécifique afin de punir ceux contre qui, Il exerce son courroux à cause de leurs mauvaises actions, et c'est ce que signifie « ce que leurs mains ont acquis » 

 

Quatrième point : « à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains » signifie à travers leurs péchés et leurs actions immorales dont ils sont pleinement responsables ; la corruption, ainsi transmise de génération en génération s’est étendue en tout lieu. Quant à l'attribution des actions aux mains, elle fait référence au schéma habituel de rendre celles-ci responsables des actions, bien que le mal dont les gens portent le fardeau provienne également de toutes les parties du corps ainsi que de croyances perverties et des maladies cachées du cœur. 

La plus importante de toutes les mauvaises actions que les gens accomplissent est assurément le polythéisme, sous toutes les formes cachées qu’il peut revêtir, bien que le jugement soit général ici ; les degrés de la corruption, en tout état de cause, sont proportionnels aux actions de ce que les mains commettent. Le Prophète Mohammed (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a été interrogé : « Quel est le plus grand des péchés ? » Il a répondu : « Que tu donnes à Allah un égal alors qu'Il t'a créé ». Le terme «Nidd» signifiant égal ou équivalent. Et Allah, glorifié soit-Il, dit également :  

  • « Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis » (Coran 42/30) 

  • « Et s'ils se maintenaient dans le droit chemin, Nous les aurions abreuvés certes, d'une eau abondante » (Coran 72/16). 

 

Cinquième point : Sa parole, Glorifié soit-Il : « Afin qu’[Allah] leur fasse goûter une partie de ce qu'ils ont œuvré », indique avec clarté qu'ils devront assumer les conséquences de toutes leurs actions, et non juste une partie de celles-ci. Il s’agit clairement d’une menace destinée à ceux qui ne renoncent pas à désobéir aux règles divines, comme le dit Allah, le Tout-Puissant, : « Et si Allah s'en prenait aux gens pour ce qu'ils acquièrent, Il ne laisserait à la surface [de la terre] aucun être vivant. Mais Il leur donne un délai jusqu'à un terme fixé » (Coran 35/45). Puis viendra ensuite le châtiment de l'au-delà, comme le dit également le verset suivant : « Et certes, le châtiment de l'au-delà est plus sévère et plus durable » (Coran 20/127). Ibn Kathîr, qu’Allah lui fasse miséricorde), a dit : « Sa parole : « afin qu'[Allah] leur fasse goûter une partie de ce qu'ils ont œuvré » signifie que d’une façon ou d’une autre, Allah, Glorifié soit-Il, les éprouvera en réduisant leurs richesses, leur nombre et ce dont ils profitaient, Telle sera Son épreuve et Son châtiment pour régler la responsabilité de leurs actes ». 

 

Sixième point : Sa parole, Glorifié soit-Il : « peut-être reviendront-ils », c'est-à-dire qu'ils reviendront de leurs désobéissances et renonceront à leurs péchés. Qatadah, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Peut-être que le pécheur qui se repentira, peut-être que ses regrets le ramèneront à Allah ». Le sens de la punition divine ici concernant les péchés commis, est de transformer le pécheur en repentant, afin de le ramener vers le droit chemin de la vérité, comme Allah Tout-Puissant l'a dit : « Nous les avons éprouvés par des biens et par des maux, peut-être reviendraient-ils (au droit chemin (Coran 7/168). L'espoir tiré du terme « peut-être » indique que la corruption apparente dont ils furent responsables sera suffisamment lourde de conséquences pour qu’ils renoncent à ce qu'ils ont bien mal acquis, et que l’espoir de les voir changer de chemin subsiste. Et dans le cas contraire, s'ils décidaient de ne pas revenir sur le chemin de la droiture, leur rébellion deviendra alors évidente, car ils auront décidé de ne pas tirer profit de la leçon, qu’était le châtiment divin. Cela conformément à la parole d’Allah, exalté soit-Il : « Ne voient-ils pas que chaque année on les éprouve une ou deux fois ? Malgré cela, ils ne se repentent, ni ne se souviennent » (Coran 9/126). 

 

Septième point : Nous trouvons dans les hadiths authentiques, plusieurs narrations rapportées qui corroborent le sens de ce noble verset. Parmi celles-ci, nous pouvons citer le hadith rapporté par Al-Hâkim’’ et al-Tabarânî avec une chaîne de transmission authentique selon Ibn ‘Abbâs, qu'Allah soit satisfait de lui, qui le rapporte du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) « Quand l'adultère et l'usure deviennent des pratiques courantes dans une ville, ses habitants ouvrent alors la porte de leur propre châtiment par la colère divine. » 

De même, Ibn Mâjah, al-Bazzâr et al-Bayhaqî ont rapporté avec une chaîne de transmission bonne selon ʻAbd-Allah ibn ʻUmar, qu'Allah soit satisfait de lui : Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) est venu à nous et a dit : « Ô peuple des émigrants ! Je vous mets en garde contre les conséquences de cinq choses, qui peuvent vous atteindre, et je cherche refuge auprès de Allah que vous n’ayez pas à les connaitre : si la perversion et l'immoralité deviennent habituelles dans une société, alors ses habitants subiront des épidémies et des maladies que leurs ancêtres n’ont pas connus. Si ses habitants ne donnent pas en toute justice la juste mesure et le bon poids, ils seront frappés durant des années par la famine et la tyrannie de leurs dirigeants. S'ils négligent de verser la zakat sur leurs biens, Allah, exalté soit-Il, retiendra la pluie des cieux et si ce n’était pas pour les animaux il ne pleuvrait pas. Si les engagements d’Allah, et son Prophète, ne sont pas respectés, des ennemis étrangers les domineront et s'empareront de leurs richesses. Et tant que leurs dirigeants ne jugeront pas selon le Livre d’Allah et négligeront Sa révélation, Allah fera régner la discorde parmi eux ». 

Par ailleurs, Ibn Mâjah a rapporté selon une chaîne de transmission authentique qu’Abou Mâlik al-Ashʻarî, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a dit : « Des gens de ma communauté boiront du vin en lui donnant un autre nom que le sien. Des chanteuses joueront d’instruments de musique au-dessus de leur tête. Allah ordonnera à la terre de les engloutir et transformera certains d’entre eux en singes et en porcs ».  

 

Huitième point : Abou al-ʻȂliyah, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Celui qui désobéit à Allah sur terre a certes corrompu celle-ci, car de l’obéissance au Créateur dépend la rectitude de la terre et du ciel ». C'est pourquoi il est rapporté dans le hadith : « Une peine prescrite appliquée sur terre est meilleure pour ses habitants que quarante matins de pluie ». La chaîne de transmission de ce hadith rapporté par Ibn Mâjah est bonne. Quand on ne permet pas que les limites soient dépassées, les gens, dans leur majorité, veillent à ne pas commettre ce qui est défendu. Car tolérer que les péchés se commettent en toute impunité, revient à accepter la disparition des bénédictions du ciel et de la terre. Ainsi, quand, à la fin des temps, le prophète ʻÎsâ (Jésus), Alaihi Assalam, descendra sur terre pour appliquer la loi de l'islam, il tuera le porc, brisera la croix, imposera la jizya (taxe), et ne sera accepté alors que l'islam ou l’épée, Allah détruira par son intermédiaire l'Antéchrist, ses partisans, Gog et Magog. Il sera alors dit à la terre : "Fais sortir tes trésors". Ainsi, tout un groupe sera rassasié par une seule grenade et pourra s'abriter sous son écorce, et le lait que donnera une chamelle suffira à tout un groupe de personnes. Tout cela ne sera possible que par la bénédiction de l'application de la loi de l'islam. Car quand la justice est établie, les bénédictions et les bienfaits pleuvent. C'est pourquoi il est authentiquement rapporté que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) en voyant passer un cortège funéraire, a dit : « Il est maintenant soulagé et le repos lui a été donné ». 

Ils ont dit : « Ô Messager d'Allah ! Qu'est-ce qui apaise et réconforte [l'âme] ? » Il répondit : « Le croyant trouve enfin le réconfort en se détournant des préoccupations de ce monde et de ses tourments vers la miséricorde d'Allah, glorifié soit-Il, quant au pervers, ce sont les gens, les contrées, les arbres et les animaux qui se réconfortent par sa disparition ». (Rapporté par Al-Boukhari). 

En résumé, l’enseignement que contient ce verset est que tout désordre sur terre, provient de la désobéissance à l'ordre d'Allah, de l'idolâtrie et de la mécréance. Ce désordre est en réalité une malédiction d’Allah, exalté soit-Il, destinée à faire souffrir l’homme afin qu’il réalise l’erreur qu’il commet en suivant une voie autre que celle décidée par Allah le Tout Puissant, comme Lui donner des associés. 

 Celui qui finit par connaitre la vie de ce monde et ses malheurs réalise la nécessité pour les hommes d’accepter l'Islam. Le polythéisme sous toutes ses formes et les péchés qu’il entraîne sont la source du désordre dans la vie humaine, et par conséquent font mériter aux hommes le châtiment divin. La propagation des turpitudes et des péchés dans le monde est le reflet de la corruption qu’ils ont laissé installer ; ainsi il leur appartient de prendre conscience de leur devoir d'ordonner le bien et d'interdire le mal, afin qu’Allah, exalté soit –Il, les délivre de son châtiment. 

 

 

Articles en relation